- Pour le juge Manrakhan, la voix de la victime doit être entendue
«Si to pa vinn pou mwa, to pa pou vinn pou personn. » Ces mots ont précédé le meurtre de Ganeshwaree Buleeram, Sheena pour ses proches, poignardée à mort le 8 novembre 2019 par son ex-époux, Mamode Umaiir Nubbeebuccus. Cet habitant de Sébastopol, âgé de 34 ans, a été condamné à la prison à vie par la Cour d’Assises, le mercredi 10 décembre 2025.
Dans son verdict, le juge Mehdi Manrakhan se montre particulièrement sévère. Il rappelle la brutalité du condamné et détaille les violences sexuelles, les actes de torture et l’anéantissement complet de la dignité de la jeune femme aux mains de son bourreau. Selon les faits établis, Sheena Buleeram, alors âgée de 34 ans, avait été kidnappée, violée, sodomisée, agressée et torturée pendant environ six heures avant d’être tuée. Pour le juge, cet ensemble place l’affaire dans une catégorie justifiant la peine maximale.
Mamode Umaiir Nubbeebuccus avait plaidé coupable du meurtre, commis le 8 novembre 2019 à Camp-de-Masque-Pavé. Le juge Mehdi Manrakhan précise que le plaidoyer de culpabilité de l’accusé n’atténue en rien « la gravité exceptionnelle » des actes commis. Le juge rappelle que les femmes à Maurice « ne sont pas la propriété de ceux qui vivaient autrefois avec elles », que leur autonomie ne peut être conditionnée et que leur refus de se soumettre à un quelconque contrôle ne peut devenir une condamnation à mort. En cette Journée internationale des droits humains, il estime que la voix et les droits de Sheena Buleeram doivent être considérés.
« Pa pike »
Le juge Manrakhan souligne aussi l’obsession que l’accusé nourrissait à l’égard de son ex-épouse, qu’il soupçonnait d’entretenir une autre relation. Il la harcelait, allant jusqu’à trouver un emploi à l’hôtel où elle travaillait.
« The manner in which he stabbed her all over her body showed a total lack of respect for human life and was motivated by an evil desire to finish her off », écrit le juge dans son verdict.
Il relève également que la jeune femme avait porté plainte à la police à plusieurs reprises pour dénoncer les violences subies. La dernière plainte datait du 5 novembre 2019, soit trois jours avant son décès. La police avait alors averti l’accusé de cesser de la harceler et de ne pas se rendre sur son lieu de travail.
Le jour du drame, Sheena Buleeram aurait supplié son agresseur de ne pas lui faire du mal. « Pa pike », avait-elle imploré sans que cela mette fin à l’attaque. L’autopsie, pratiquée par le chef du département médicolégal, le Dr Sudesh Kumar Gungadin, a conclu à un « shock following a stab wound to the heart ».
Le juge estime enfin que cette affaire doit être replacée dans un contexte plus large, évoquant les cas de féminicides recensés à Maurice. « Mauritius has in recent years witnessed a deeply troubling rise in violent attacks on women, particularly by partners or former partners. Too many of these incidents have ended in death », souligne Mehdi Manrakhan.
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