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Rapport du PRB : réunion de haut niveau au Bâtiment du Trésor ce lundi après-midi

Selon des syndicalistes, un retard dans la publication du rapport du PRB aura des répercussions sur les recrutements dans la Fonction publique.

Le gouvernement examine cet après-midi le rapport du PRB, dans un climat économique tendu. Entre dettes élevées, crainte de déclassement et pressions syndicales, l’Exécutif doit décider d’une mise en œuvre dont le financement reste largement incertain.

Une réunion de haut niveau, présidée par le Premier ministre Navin Ramgoolam, en présence du Premier ministre adjoint, Paul Bérenger, est prévue ce lundi après-midi au Bâtiment du Trésor. Le but : aborder le rapport du Pay Research Bureau (PRB) et « analyser toutes les options ». Ce document, qui vise à réviser les structures salariales et les conditions de service dans le secteur public, devait initialement être rendu public en décembre 2025 pour une mise en œuvre à partir de janvier 2026.

Il s’agit d’une première réunion dédiée à ce sujet à ce niveau-là, dans un contexte marqué par des incertitudes sur sa publication et son financement. Aucune garantie n’est donnée par le Bureau du Premier ministre (PMO) quant à une divulgation ce mois-ci, bien que des sources indiquent que le rapport est plus ou moins prêt. « Des contraintes budgétaires importantes nous freinent. Nous ne pouvons pas laisser le pays tomber en banqueroute. La situation économique demeure très fragile. Moody’s attend que la dette reste en dessous de 90 %. Nous avons hérité d’une dette de 93 %. Si nous dépassons ce seuil, Moody’s nous dégradera », confie-t-on au niveau du PMO. 

Actuellement, l’agence de notation maintient Maurice dans la catégorie Baa3 avec une perspective négative. Si le pays régresse, il entrera dans un « junk status » avec des conséquences particulièrement néfastes pour le pays, avec notamment un accès à des crédits plus compliqués et avec des taux d’intérêt supérieurs, mais aussi une perte de confiance auprès des investisseurs. Le PRB effectue une révision générale des structures salariales et de classification tous les cinq ans depuis 1982, à l’exception du rapport de 2016, publié après seulement trois ans.

Lors de la réponse à la Private Notice Question (PNQ) du leader de l’opposition, Joe Lesjongard, mardi dernier, Navin Ramgoolam a déclaré : 
« Depuis 1982, le Pay Research Bureau a mené l’exercice de révision générale des structures salariales et de classification tous les cinq ans, sauf pour le rapport de 2016. Le rapport de 2016 a été publié après une période de trois ans seulement. Le rapport PRB de 2016 a toutefois rétabli la périodicité de l’exercice de révision générale pour cinq ans et, par conséquent, le dernier a eu lieu en 2021. Je suis informé que la préparation du prochain rapport a commencé en mars 2023, selon un plan de travail prédéfini ».

Et d’ajouter qu’il convient de noter qu’outre les ministères/départements, les autorités locales et l’Assemblée régionale de Rodrigues, « il y a environ 125 organismes parastataux qui relèvent du Pay Research Bureau. Le Bureau doit recueillir un maximum d’informations pour faciliter l’interaction et l’échange de vues avec toutes les parties prenantes. Jusqu’à présent, le Bureau a tenu plus de 675 réunions avec les associations de personnel et la direction des organismes parastataux et de la Fonction publique. 1 710 entretiens ont été menés en relation avec les questionnaires de description de postes et 17 visites sur site ont été effectuées pour examiner les zones problématiques alléguées soulignées par les parties prenantes. »

Le Premier ministre a contextualisé cette préparation dans un environnement économique précaire, tel que décrit dans le rapport sur l’état de l’économie (State of the Economy) publié en décembre 2024. Ce document a révélé un déficit beaucoup plus important qu’annoncé, un niveau de dette du secteur public insoutenable, et des indicateurs macroéconomiques tous dans le rouge, hérités du gouvernement précédent. « C’est dans ce contexte particulièrement difficile que nous avons présenté un Budget qui a évidemment nécessité des mesures drastiques pour redresser les finances publiques. C’est dans ce contexte que le rapport PRB est en préparation », a-t-il ajouté. 

Navin Ramgoolam a indiqué que la préparation est à un stade avancé, mais qu’il est difficile de donner une indication sur la mise en œuvre, car les implications financières du rapport sont encore inconnues.

Plus de Rs 8 milliards

Les préoccupations principales portent sur le financement. Le coût de la mise en œuvre pourrait dépasser les Rs 8 milliards, selon des estimations internes. Au Bureau du Premier Ministre, on craint que si le ratio de dette dépasse 90 % du PIB, cela provoque un déclassement de Maurice vers un statut « junk ». Actuellement, le rating souverain de Maurice est Baa3 avec une perspective négative, affirmé par Moody’s en janvier 2025. Ce niveau indique un statut d’investissement, mais met en évidence des risques tels que des défis fiscaux, une dette élevée et des passifs contingents, malgré une forte reprise économique et des réserves solides. Cette situation place Maurice dans une position extrêmement délicate, où toute augmentation significative de la dette pourrait entraîner une dégradation.

Du côté des syndicats, la pression monte, avec l’intention déclarée d’intensifier les actions. Pas plus tard qu’en avril dernier, le Premier ministre avait affirmé au Parlement que le rapport PRB serait publié en décembre pour entrer en vigueur en janvier 2026. Narendranath Gopee, conseiller à la Fédération des syndicats du service civil, a déclaré, durant la semaine écoulée, que « le rapport du PRB est déjà finalisé et dort quelque part dans un tiroir ». Il estime que l’implémentation coûterait Rs 8,5 milliards, soit Rs 3,5 milliards de plus que prévu, et propose une mise en œuvre en étapes pour amortir le coût. « La dette ne peut entrer dans la discussion du PRB. Dans l’intérêt du public comme du gouvernement, il serait préférable que Navin Ramgoolam confie le portefeuille des Finances à quelqu’un d’autre », dit-il. « Le gouvernement a les moyens. Ne venez pas nous dire que la caisse est vide ou que l’on ne peut appliquer le PRB. Il ne faut pas déstabiliser l’administratif du pays », poursuit le syndicaliste.

Radhakrishna Sadien, négociateur auprès de la State and Other Employees Federation, exprime son inquiétude face à l’absence de date fixée pour l’implémentation. Il note que la non-révision aura des répercussions sur les recrutements dans la Fonction publique, car certains salaires de départ pour des postes comme cuisinier ou Hospital Services Attendant sont en dessous du salaire minimum national de Rs 16 500, malgré une allocation intérimaire de Rs 2 000 par mois depuis 2024. Il insiste : « Le rapport doit être rendu public dans les plus brefs délais. Il n’y a pas de gouvernement sans Fonction publique ».

Mécontentement

Le Premier ministre a rappelé que les décisions ne sont pas prises isolément : « Notre rating souverain de Moody’s est au grade le plus bas – Baa3. Malgré les mesures de consolidation fiscale prises dans le dernier Budget, notre dette publique reste substantielle en raison de l’héritage du gouvernement précédent. C’est ce avec quoi nous devons composer. Notre rating souverain est clairement à un point de bascule.

Moody’s observe. Nous ne sommes pas à l’abri d’une dégradation. C’est ce que nous voulons prévenir à tout prix. C’est pourquoi nous avons pris des décisions difficiles. Nous devions le faire ! Nous devons agir de manière responsable. Nous veillerons à ce que nos actions inversent la situation que nous avons héritée et mettent nos finances sur une voie plus résiliente, en ligne avec les engagements pris dans le Public Debt Management Act. »

Cette réunion pourrait clarifier les prochaines étapes. Il nous revient cependant qu’il y a un certain mécontentement au niveau du gouvernement sur la façon dont le dossier est géré.

Rapport du PRB 2025


 

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