À l’approche du lancement officiel des consultations nationales autour de la Vision 2050, il y a eu des discussions le 18 décembre sur le thème « Envisioning Mauritius in 2050 ». Cette rencontre, réunissant des représentants des secteurs public et privé, a permis d’aborder les principaux défis auxquels le pays devra faire face durant les prochaines décennies. Parmi les sujets abordés, la question de l’eau s’est imposée comme un enjeu central, tant pour le développement économique que pour la qualité de la vie.
S’exprimant dans ce cadre, Hector Espitalier-Noël, ancien CEO du groupe ENL, a rappelé que la Vision 2050 devait avant tout être guidée par l’amélioration du bien-être de la population. Il a toutefois attiré l’attention sur les limites imposées par les ressources naturelles, soulignant que l’accès à l’eau conditionnera largement la capacité du pays à offrir un cadre de vie satisfaisant à long terme. Cette préoccupation se retrouve également dans les orientations budgétaires du gouvernement. Dans le budget 2025-26, le gouvernement fait part de sa détermination pour s’attaquer de manière structurelle au problème de l’eau. Le Premier ministre a annoncé la relance du projet de barrage de la Rivière-des-Anguilles. Il est aussi question du remplacement des canalisations vieillissantes, de la modernisation et de la réhabilitation des stations d’épuration, ainsi que de la construction de nouveaux réservoirs. Au total, le gouvernement prévoit d’investir environ Rs 128 milliards durant les cinq prochaines années dans le développement des infrastructures. Il a trait au logement, au transport, à l’eau, aux eaux usées, aux déchets solides, au drainage et à l’électricité. Pour le seul secteur de l’eau, le ministère des Finances a annoncé une enveloppe de Rs 3,1 milliards, avec l’objectif d’assurer à chaque foyer un accès continu à l’eau potable. Les données de Statistics Mauritius illustrent l’ampleur du défi. En 2023, la consommation totale d’eau potable s’élevait à 111 millions de mètres cubes, tandis que la consommation moyenne par habitant atteignait 250 litres par jour.
Pour l’économiste Ashok Aubeeluck, la question de l’eau doit être analysée à la lumière des contraintes structurelles du pays. Selon lui, une meilleure capacité de captage et de préservation permettrait à Maurice de tirer davantage parti de sa pluviométrie. Or, la topographie et les lacunes en matière de redistribution limitent l’efficacité du système actuel. L’économiste ajoute que l’attractivité du pays pour le secteur privé dépendra des incitations mises en place. Les entreprises disposent de la possibilité de s’implanter à l’étranger pour améliorer leur rentabilité et le succès économique de Maurice reposera en partie sur sa capacité à créer un environnement propice à l’investissement, y compris dans les secteurs de l’eau et de l’énergie.
La problématique de l’eau a été évoquée par le Premier ministre Navin Ramgoolam dans son intervention, le 18 décembre, lors du lancement des consultations nationales pour la Vision 2050. Il a indiqué disposer de deux solutions pour y répondre, sans en dévoiler le contenu. Cette déclaration a suscité des interrogations, notamment sur les raisons pour lesquelles des mesures concrètes tardent à être mises en œuvre.
Pour Ashok Aubeeluck, cette situation traduit un manque de volonté politique. Il rappelle que des propositions techniques, en matière d’osmose inverse, avaient déjà été présentées dès 2006, avec l’appui de pays disposant d’une expertise reconnue. D’autre part, la question du financement demeure un obstacle majeur. Quelques heures avant la visite du président français Emmanuel Macron à Maurice en novembre, l’Economic Development Board avait réuni des entreprises mauriciennes et françaises afin de favoriser les échanges autour des investissements et des partenariats économiques. À cette occasion, Dhaneshwar Damry a mis en lumière les difficultés persistantes pour mobiliser des financements dans les projets liés à l’eau et à l’énergie, soulignant la nécessité de rapprocher porteurs de projets et organismes financiers.
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