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Protection des mineurs en ligne - Cyberdépendance chez les enfants : Vers un arsenal de mesures parentales

De plus en plus d’enfants et d’adolescents sont cyberdépendants.
  • Un dispositif attendu pour le 10 décembre

Face à la montée de la cyberdépendance chez les enfants et adolescents, les autorités préparent un ensemble de mesures légales, techniques et éducatives. Le dispositif, attendu le 10 décembre, vise à donner aux parents les outils nécessaires pour encadrer l’usage d’Internet tout en respectant les droits des mineurs.

Dans un contexte marqué par l’omniprésence des réseaux sociaux et les risques liés à l’exposition précoce des enfants à Internet, les autorités s’activent pour renforcer la législation en matière de protection des mineurs. Des amendements en cours d’élaboration visent à fournir aux parents des outils concrets pour modérer l’accès numérique de leurs enfants, tout en équilibrant droits et responsabilités. Annoncé pour le 10 décembre, ce dispositif s’inspire partiellement de modèles étrangers. Les amendements sont en chantier au niveau du ministère des Technologies de l’information, de la communication et de l’innovation (TCI) et du Bureau de l’Attorney General. 

«Empower» les parents

Les travaux, menés depuis plusieurs mois au sein du ministère des TCI et en étroite concertation avec le Bureau de l’Attorney General, répondent à une urgence sociétale palpable. Les statistiques soulignent une augmentation des cas de cyberharcèlement, d’exposition à des contenus inappropriés et de dépendance numérique chez les jeunes. Au niveau national, plusieurs rapports font état d’une vulnérabilité accrue des mineurs, souvent connectés dès l’âge de huit ans via des smartphones ou tablettes.

L’objectif affiché est clair : permettre aux parents d’exercer un contrôle plus strict sur l’usage d’Internet par leurs enfants, sans pour autant verser dans une surveillance intrusive. Selon une source bien informée au sein des autorités, « le 10 décembre, on va annoncer le dispositif. Il se peut que sa mise en pratique soit immédiate. »

Le cœur du projet repose sur une panoplie de mesures techniques et légales, conçues pour que « ce soit les parents qui décident des mesures qu’ils vont appliquer ». L’approche se veut équilibrée : « On veut que nos enfants aient des ‘digital rights’ mais aussi des responsabilités », précise la même source. Ainsi, le dispositif ne s’impose pas de manière autoritaire mais vise à outiller les familles pour une modération adaptée à leurs besoins. Sur une base volontaire, il s’agit d’« empower les parents », en leur conférant les moyens de naviguer dans un écosystème numérique de plus en plus complexe. Aux parents le choix d’appliquer les mesures proposées ou pas.

Trois axes interconnectés 

Les amendements structurent leur action autour de trois piliers complémentaires, reflétant une vision holistique de la protection en ligne.

D’abord, l’axe légal vise à ancrer ces mesures dans un cadre normatif renforcé. Des dispositions spécifiques seront intégrées à la législation existante sur les télécommunications (ICT Act) et la protection des données, avec des sanctions potentielles pour les opérateurs qui ne faciliteraient pas leur mise en œuvre. Cela inclut une clarification des responsabilités des plateformes numériques et des fournisseurs d’accès, alignée sur les standards internationaux de confidentialité.

Ensuite, l’axe technique constitue le fer de lance opérationnel. Les Mobile Network Operators (MNO) et les fournisseurs d’accès Internet (ISP), c’est-à-dire Mauritius Telecom, Emtel et Mahanagar Telephone Mauritius Ltd (MTML) qui opère Chili, joueront un rôle central dans l’application concrète. « Tous les téléphones fonctionnent via les cartes SIM », observe la source, soulignant que ces cartes d’identification mobile deviendront le vecteur principal des contrôles parentaux. Les opérateurs mettront à disposition des facilités pour que les parents administrent les restrictions. Par exemple, une option pourrait limiter le temps d’usage quotidien des usagers mineurs, configurable par les parents. Toutefois, il n’est pas encore certain que cette option soit retenue dans les amendements.

Enfin, l’axe éducatif complète l’ensemble en promouvant une sensibilisation accrue. Des campagnes publiques viseront à former les parents et les enfants aux bonnes pratiques numériques. L’idée est de cultiver une responsabilité partagée, où les droits numériques des mineurs – tels que l’accès à l’information et à l’expression – ne sont pas sacrifiés au profit d’une protection paternaliste.

Ce triptyque illustre une approche nuancée, évitant les pièges d’une régulation trop rigide qui pourrait freiner l’innovation ou stigmatiser les familles. Les mesures proposées pourraient – car ce n’est pas encore une certitude – offrir une « panoplie » d’options : blocage de sites spécifiques, filtrage de contenus sensibles (comme la pornographie ou les discours haineux), alertes en temps réel pour les interactions risquées, ou encore des quotas de temps d’écran adaptés par tranche d’âge. Tout cela, sur une base volontaire, pour respecter la diversité des contextes familiaux.

Inspirations internationales

Ce projet ne sort pas de nulle part. Il s’inspire de modèles étrangers où de telles mesures sont déjà en application. Des pays comme le Royaume-Uni ou l’Australie ont pionné des régimes hybrides alliant obligation légale et outils techniques, démontrant leur impact sur la réduction des expositions nocives. Au niveau européen, le Digital Services Act (DSA) impose aux plateformes une diligence accrue envers les mineurs, un cadre que le gouvernement étudie pour adapter localement.

De plus en plus de pays étudient des moyens pour rendre Internet plus sûr pour les mineurs et pour combattre la cyberdépendance des enfants et adolescents, qui passent parfois plusieurs heures quotidiennement sur les réseaux sociaux aux dépens de leur santé mentale.

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