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Tensions au gouvernement : fronde au MMM, résignation au PTr

Photo de famille de l’alliance du Changement au temps des jours heureux.

L’alliance du Changement connaît des tensions internes, un an jour pour jour, après sa victoire aux élections générales. Si les membres du MMM débattent de leur rôle au gouvernement, ceux du PTr observent avec prudence les divisions et les décisions à venir.

Un an jour pour jour après sa victoire aux législatives de 2024 (60-0), les signes d’un malaise profond se multiplient au sein de l’alliance du Changement. Une semaine décisive s’annonce donc sur le plan politique.

Toutefois, un départ éventuel des Mauves du gouvernement, vers lequel on semble se diriger petit à petit, suscite une fronde interne qui s’organise en coulisses. Des consultations discrètes ont eu lieu dimanche entre les sceptiques du MMM, en prévision de la réunion du bureau politique (BP) mauve ce lundi en fin d’après-midi. Si l’on y est unanime sur le bien-fondé des points de mécontentement avancés par Paul Bérenger, les « modérés », dont certains ministres, ne voient pas d’un bon œil un éventuel retour vers l’opposition. Ceux-ci souhaitent que les problèmes auxquels fait face le gouvernement soient réglés de l’intérieur et estiment qu’un départ maintenant serait trop précipité.

« Oui, il y a des problèmes et oui, Paul Bérenger a raison quand il parle de ce qui ne va pas, mais rien n’est insurmontable. Personne ne comprend cette précipitation », confie l’un d’eux. « Il n’y a pas de rébellion, mais une défense de la raison politique », insiste celui-ci. Ces modérés préparent une position ferme pour le BP sous la forme d’un appel au compromis.

Le BP du MMM de ce lundi s’annonce comme un événement à suivre. D’autant plus que Paul Bérenger devrait davantage préciser les choses quant au chemin à suivre. À noter que le MMM compte 18 députés à l’Assemblée nationale, dont huit ministres.

Absence symbolique ce dimanche

L’absence quasi générale des élus du MMM à la cérémonie du Remembrance Day, tenue dimanche au War Memorial du Royal College de Curepipe, a symbolisé la forte tension actuelle. Seul Govinden Ventakasami, député de la circonscription No 18, a représenté les Mauves. Parmi les absents figurait Ajay Gunness, ministre des Infrastructures publiques et député de Curepipe/Midlands, pourtant opposé à une « cassure ». Cette défection collective, dans un contexte de commémoration nationale, a été interprétée comme un geste de défiance symbolique. Pourtant, souligne-t-on du côté du MMM, aucun mot d’ordre n’a été donné par la direction.

Pessimisme travailliste

Du côté du Parti travailliste (PTr), qui compte 35 députés et constitue le socle de la coalition gouvernementale, l’inquiétude est palpable. Des sources proches de Navin Ramgoolam évoquent un pessimisme croissant quant à la longévité de Paul Bérenger en tant que Premier ministre adjoint. « Le chef du gouvernement sait que l’alliance vacille. Il y a un vœu fervent pour que Bérenger reste, mais on reste réaliste en analysant la situation, même si on ne comprend ni le timing ni le pourquoi », rapporte un proche.

La réunion du jeudi 6 novembre entre les deux leaders a permis un déballage franc : Paul Bérenger y a exprimé son « exaspération » face à la lenteur des réformes, aux nominations contestées et a réclamé des départs de postes stratégiques, entre autres. Sans ultimatum formel – « pas de couteau sous la gorge », minimisent les sources mauves –, et Navin Ramgoolam a expliqué sa position et consenti à céder sur certains points, tout en insistant sur sa prérogative de Premier ministre, mais le malaise reste profond. Cela, malgré un Conseil des ministres positif vendredi. Le Premier ministre, conscient des enjeux, table sur des concessions pour apaiser la tension.

La direction du MMM ne cache pas l’enjeu : « Cette semaine est décisive », confirme un cadre. Samedi 8 novembre, lors de la réunion du comité central, Paul Bérenger a d’ores et déjà « mis les points sur les i », listant ses griefs sans ambages. Les choses ne peuvent rester inchangées, et le changement promis a la population doit devenir réalité, a-t-il fait comprendre aux militants. Un comité central spécial est d’ores et déjà envisagé pour ce samedi 15 novembre. La réunion du Conseil des ministres de ce vendredi pourrait être cruciale.

Un fait demeure. Un an après sa victoire de 60-0 aux élections générales, l’alliance du Changement, née d’un pacte anti-corruption et pro-réformes, bute sur les réalités du pouvoir avec un certain mécontentement au niveau de la population. Pour les « modérés » du MMM, quitter le gouvernement reviendrait à abandonner le terrain des avancées concrètes, alors que pour les intransigeants, y demeurer sans concessions équivaut à une trahison idéologique. La séance parlementaire de mardi 11 novembre, où Navin Ramgoolam et Paul Bérenger siégeront côte à côte pour fêter l’anniversaire de la victoire, sera particulièrement intéressante à suivre également.
 

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