- La prise en charge médicale au cœur de l’enquête
Après le décès d’Andy Selmour en milieu carcéral, les enquêteurs s’interrogent sur une éventuelle défaillance des soins d’urgence à l’infirmerie de la prison de Melrose. Images de vidéosurveillance, auditions du personnel médical et Board of Inquiry devront faire toute la lumière sur les heures précédant sa mort.
Andy Selmour aurait-il pu être sauvé si les services de santé du Medical Ward de la prison de Melrose avaient assuré une prise en charge médicale en urgence ? Outre le volet de l’agression brutale et violente dont a été victime le condamné, les enquêteurs de la Criminal Investigation Division (CID) de Flacq, puis un Board of Inquiry qui sera présidé par l’ancien juge Paul Lam Shang Leen, devront éclaircir plusieurs zones d’ombre entourant le sort du prisonnier avant son décès.
La police, menant cette enquête au sujet de laquelle le Premier ministre Navin Ramgoolam a exprimé sa révolte face à ce drame, a déjà réquisitionné les images des caméras de surveillance couvrant les dernières heures d’Andy Selmour. Ces images sont actuellement analysées par les experts de l’Information Technology (IT) Unit du Central Criminal Investigation Department.
Si des codétenus d’Andy Selmour, soupçonnés d’avoir participé à l’agression mortelle, ont déjà été transférés vers les prisons de Beau-Bassin et de Grande Rivière Nord-Ouest, des préposés affectés au Medical Ward de la prison devront, eux aussi, être confrontés concernant les soins prodigués — ou non — à Andy Selmour.
Le mardi 9 décembre, à 16 h 20, Andy Selmour est ramené au Medical Ward par des codétenus après que son état de santé s’est détérioré des suites d’un cas d’agression. Souffrant, en proie à des convulsions et agité, il est placé dans une cellule au sein de l’infirmerie, où il est installé sur un matelas. Un infirmier de service informe le médecin de la prison, qui n’est pas sur place. Ce dernier ordonne que le prisonnier soit conduit à l’hôpital. Toutefois, la direction de la prison décide que le détenu reçoive des soins au sein même de l’enceinte pénitentiaire.
Une prise en charge médicale sous examen
À ce moment-là, Andy Selmour se trouve dans un état de santé inquiétant. Les images des caméras de surveillance devront être analysées afin d’établir quels soins ont été prodigués par l’infirmier de service au Medical Ward, ou si le prisonnier est demeuré « unattended » sur place. Selon les données réquisitionnées par la police, peu après 17 heures, cet infirmier a été vu quittant la prison de Melrose à son heure de « off duty ».
La CID de Flacq cherchera à vérifier ses horaires de service au sein de cette prison, d’autant plus que sa relève avait pris service à 17 h 50 ce jour-là. Entre-temps, Andy Selmour demeure dans une cellule du Medical Ward jusqu’à ce qu’il soit examiné par l’infirmier de nuit, lequel constate que le prisonnier est dans un état comateux, ne bouge plus et ne répond plus. L’enquête devra aussi déterminer quels soins l’infirmier de nuit a prodigués à la victime après avoir pris son service.
Peu de temps après, le décès d’Andy Selmour est constaté et un appel est lancé afin que le SAMU intervienne sur place. Aux alentours de 20 heures, l’alerte est donnée concernant ce décès survenu en milieu carcéral, et les Casernes centrales sont informées. À 20 h 25, un médecin du SAMU confirme officiellement la mort d’Andy Selmour. Des policiers de Montagne-Blanche, ainsi que ceux de la CID de Flacq, sont déployés à l’Eastern High Security Prison de Melrose.
Le corps d’Andy Selmour est transféré à la morgue où, vendredi, une autopsie attribue son décès à une « fracture du crâne avec hémorragie intracrânienne » (Fracture of Skull with Intracranial Haemorrhage). La police privilégie la thèse d’une agression, après que des images de caméras de surveillance ont montré un détenu infligeant des coups à la victime, notamment à la tête à l’aide d’un morceau de bois.
Dev Jokhoo : « Ena infirmie ek dokter dan prizon touletan »
Dev Jokhoo, commissaire des prisons, avait déclaré que ce soir-là, vers 20 heures, il a informé le commissaire de police de ce cas de mort d’homme dans l’univers carcéral.
« À 20 heures, mo’nn koz ek commissaire de police. Mo’nn dir li tout de suite d’envoyer la police pour l’enquête. » En récusant tout cas de refus d’accès aux soins, il maintient que la prison dispose de services de santé à toute heure. « Ena infirmiers et docteurs dans la prison at all times. Linn vini Medical Unit. Li’nn dir ki li’nn tombé. Li’nn gagn assistance, li’nn gagn traitement. Ena enn enquête de la police. La prison pe coopérer. Nou’nn montrer les video footages », insiste l’homme fort des prisons, Dev Jokhoo.
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