Nita Deerpalsing : «Le changement attendu par la population se fait toujours attendre»

Un an après sa large victoire électorale, le gouvernement mauricien se trouve à un moment charnière, confronté à la nécessité de transformer les promesses en actions concrètes et à la montée des attentes de la population. C’est ce bilan que l’émission Au Cœur de l’Info, diffusée le 12 novembre sur Radio Plus et animée par Jane Lutchmaya, a tenté d’évaluer. 

L’édition spéciale a réuni sur le plateau Anishta Babooram, Junior Minister à la Santé, et Nita Deerpalsing, ancienne députée. Les interventions préenregistrées d’Alain Laridon, ex-ministre et ambassadeur, et les analyses du politologue Dr Avinaash Munohur ont complété le débat. Ensemble, ils ont examiné les réalisations, les manquements et les défis du gouvernement au cours de ses douze premiers mois, tout en tentant de tracer des perspectives pour l’avenir.

Le débat a débuté sur le bilan du gouvernement après un an. Nita Deerpalsing a dénoncé la lenteur des décisions et le fait de rejeter la faute sur l’ancien régime. « Un an après, le peuple attend des résultats tangibles ; les transformations promises se font toujours attendre », a-t-elle affirmé.

Face à ces critiques, Anishta Babooram a défendu le gouvernement en soulignant ses efforts de rupture et de modernisation. Elle a insisté sur le recours à des professionnels et réfuté l’idée que le poste de Junior Minister soit un titre fabriqué. « Notre politique est totalement différente de l’ancien régime », a-t-elle affirmé.

Coût de la vie et pensions

Le coût de la vie et la situation des consommateurs ont été des sujets centraux du débat. Nita Deerpalsing a souligné que, malgré l’annonce d’un fonds de Rs 10 milliards pour stabiliser les prix des produits de première nécessité, seulement Rs 2 milliards ont été réellement injectées. Le panier de la ménagère reste donc encore trop coûteux. Elle a critiqué l’absence d’un plan de relance global et la réforme de la pension, jugée impopulaire : « Il aurait fallu trouver d’autres solutions, revoir la dette publique et préserver l’État-providence ». Elle a aussi dénoncé l’insuffisance des mesures actuelles pour soulager la population.

Pour sa part, Anishta Babooram a défendu la réforme de la pension comme un « mal nécessaire » destiné à assurer la soutenabilité économique à long terme. Bien que perçue comme impopulaire, cette décision vise à restaurer la résilience budgétaire et à poser les bases d’une économie plus stable. Elle a insisté sur le fait que certaines mesures difficiles doivent être prises pour garantir l’avenir financier du pays et la viabilité des systèmes de protection sociale.

Stabilité politique : un enjeu clé pour avancer

Alain Laridon, dans une intervention préenregistrée, a mis l’accent sur les grands chantiers gouvernementaux et sur la nécessité de surmonter les défis structurels de l’État. Selon lui, malgré quelques couacs, le gouvernement dispose des moyens pour fonctionner efficacement. « Même si l’appareil d’État semble quelque peu rouillé, la volonté de tous est essentielle. La cohésion au sein de l’exécutif reste primordiale pour garantir l’efficacité gouvernementale », a-t-il déclaré, rappelant que la réussite des politiques dépend autant de la coordination que des initiatives elles-mêmes.

Le politologue Dr Avinaash Munohur a analysé la situation sous l’angle de la stabilité politique. Il a mis en garde contre les rumeurs de dissensions au sein du gouvernement, qui pourraient freiner la mise en œuvre des priorités. Selon lui, la victoire écrasante du gouvernement, avec un score de 60-0, avait suscité de grandes attentes de la part de l’électorat, mais le vent a tourné un an plus tard. « Des désaccords internes et une possible cassure pourraient affaiblir certains chantiers essentiels. Le gouvernement doit accorder ses violons pour avancer efficacement », a-t-il observé.