Message de fin d’année : le Conseil des religions appelle à un réarmement moral

Le Conseil des religions de Maurice appelle à un « réarmement moral » face aux ravages de l’alcool, des réseaux sociaux et du suicide. Dans un message de fin d’année, le Conseil des religions, présidé par le père Philippe Goupille, met en lumière les atouts de l’île tout en alertant sur plusieurs fléaux menaçant la cohésion sociale.

Le texte débute par une évocation positive de Maurice, décrite comme une île « créée comme “modèle pour le paradis” » selon les mots du poète Mark Twain. Il souligne que « les charmes de notre île continuent d’attirer année après année de nombreux visiteurs venus du monde entier ». Le Conseil rappelle également la transition pacifique de l’ère coloniale à la République, malgré « quelques soubresauts dont les tristes émeutes », et vante un système démocratique qui « permet au peuple de choisir régulièrement ses représentants au Parlement ». Enfin, il met en avant la coexistence harmonieuse des religions : « Nous sommes privilégiés de vivre sur une terre où se côtoient dans la paix les grandes religions de l’humanité dans la diversité de nos croyances et de nos cultures ».

Défis sociaux

Mais au delà de cette carte postale, plusieurs problèmes minent gravement la paix et l’harmonie du pays, notamment l’alcool et la drogue. Le Conseil observe que ces substances « font de plus en plus de ravages », particulièrement chez les jeunes, et appelle à une action collective impliquant familles et éducateurs. Il invite à « chercher le pourquoi, la source du mal-être qui pousse tant de personnes, jeunes et moins jeunes, à fuir la réalité de la vie et à se laisser aller dans un processus destructeur de leur personnalité ».

Les réseaux sociaux constituent une autre problématique nécessitant une attention particulière. Tout en saluant leurs progrès, le Conseil met en garde contre « les dérapages et l’agressivité » facilités par l’anonymat. Il déplore que l’on « se réfugie derrière l’anonymat pour se défouler, blesser, insulter », et que les réactions émotionnelles rapides puissent avoir « des conséquences néfastes ».

Le suicide est un autre phénomène qu’il convient de prendre à bras-le-corps. Notant « plusieurs cas de suicide, même parmi les jeunes » au cours de l’année écoulée, le Conseil attribue cela souvent à « un manque d’écoute de la part des proches ». Il encourage les chefs religieux à ouvrir des « cellules d’écoute » dans les temples, églises et mosquées.  Le Conseil dénonce également « plusieurs cas de violence et de vols contre les personnes âgées sans défense » en 2025, qualifiant cela d’ « inacceptable dans une société saine ». Il s’inquiète aussi de la pédopornographie, qui « se cache derrière l’anonymat et peut faire beaucoup de mal », et appelle à lutter contre « les abus dont les enfants sont victimes dans notre société ».

Enfin, il pointe la violence sur les routes, comme « les excès de vitesse et le manque de respect pour les personnes qui traversent sur les passages piétons », qui dégénère souvent en violence verbale. L e Conseil mise sur les bonnes relations interreligieuses pour promouvoir un « réarmement moral ». Il invite les institutions religieuses à utiliser les célébrations – pèlerinages, processions, invitations à la prière – pour transmettre des valeurs communes, comme « une conduite convenable, le respect de la vérité et l’évitement de la corruption sous toutes ses formes ».