L’enquête sur les « Toxic Loans » s’intensifie alors que la FCC scrute les prêts octroyés au Maradiva Villas Resort & Spa. Arrestations, soupçons d’ingérence et financements massifs sont au cœur d’un dossier appelé à évoluer dans les prochains jours.
L’affaire des « Toxic Loans » continue de faire des vagues. Au cœur de l’enquête : les financements massifs accordés à Dhyanavartam Ltd, anciennement Mauriplage Beach Resort Ltd, gestionnaire du Maradiva Villas Resort & Spa à Wolmar. Entre 2020 et 2024, l’établissement hôtelier de luxe a bénéficié de Rs 1,65 milliard de prêts. La Financial Crimes Commission (FCC) soupçonne des irrégularités dans l’octroi de ces fonds et cherche à déterminer si des actes d’ingérence ont facilité leur obtention.
La FCC a passé au crible les différentes aides financières accordées par les institutions publiques et les banques à Dhyanavartam Ltd. En décembre 2020, Rs 650 millions avaient été allouées par la Mauritius Investment Corporation (MIC) pour la rénovation de l’hôtel. Ces fonds ont été effectivement versés en juin 2022.
En février 2024, à huit mois des élections générales, Rs 650 millions supplémentaires ont été approuvées dans le cadre d’une aide financière. La révélation a été faite lors d’une réunion du Conseil d’administration de la MIC, qui a également entériné un financement additionnel de Rs 350 millions, portant le total décaissé à Rs 1,65 milliard en faveur de Dhyanavartam Ltd.
La FCC cherche à comprendre comment les Rs 650 millions versées en juin 2022 ont été « top-up » en février 2024 par un montant similaire. Ces chiffres n’ont été rendus publics qu’en avril 2025, lorsqu’un document détaillant les paiements effectués en faveur de Mauriplage a été publié.
C’est dans ce contexte que la State Bank of Mauritius (SBM) a accordé un prêt de Rs 470 millions à Dhyanavartam Ltd pour un projet de construction de villas. Selon la FCC, la validation de ce financement aurait dérogé aux procédures internes de la banque. D’autant que, selon les enquêteurs, Dhyanavartam Ltd se trouvait dans une situation financière qualifiée de « rouge » à ce moment-là.
Réunions « douteuses »
Sanjiv Ramdanee, directeur de Maradiva, est le deuxième protagoniste arrêté dans cette affaire. Il a été inculpé pour « conspiracy » avant d’être libéré contre deux cautions de Rs 700 000 et une reconnaissance de dette de Rs 5 millions, le mercredi 5 décembre. Le beau-frère de l’ex-Premier ministre Pravind Jugnauth a passé une nuit au Moka Detention Centre avant sa libération sous conditions. La première arrestation avait visé l’ex-CEO de la SBM, Premchand Mungur, soupçonné d’avoir facilité l’octroi de certains prêts en offrant des faveurs.
Lors de son audition au Réduit Triangle mardi, Sanjiv Ramdanee a maintenu que toutes les démarches de sa compagnie avaient été menées dans les règles entourant les demandes d’aides financières. « Je ne peux pas m’ingérer dans les procédures de la banque », a-t-il insisté. Il est représenté par l’avocat Hervé Duval et rejette fermement toute implication.
Les enquêteurs tentent d’établir les circonstances de certaines rencontres entre le directeur de Maradiva et d’autres acteurs du dossier. Ces réunions, qualifiées de « douteuses », auraient précédé l’approbation des prêts. L’intéressé reconnaît ces échanges mais nie toute tentative d’influencer des décideurs de la banque.
L’enquête vise également à déterminer s’il existe une connexion entre Ramdanee, l’ex-CEO de la SBM Premchand Mungur, et l’entourage politique mentionné dans le dossier – un point particulièrement sensible.
La FCC affirme détenir des éléments « accablants » et poursuit ses investigations. Entre prêts successifs, réunions controversées et situation financière précaire de l’emprunteur, le dossier des « Toxic Loans » pourrait connaître de nouveaux rebondissements dans les prochaines semaines.
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