L’avocat parlementaire travailliste Ashley Ramdass espère que les backbenchers de son parti ne favoriseront pas le départ des Mauves pour prendre leurs places de ministres et de Junior Ministers. Car il estime que la vie d’un politicien ne se résume pas à un poste ministériel.
Vous portez un patronyme d’un mauve pur et dur, en la personne de Motee Ramdass dont vous êtes le fils, et pourtant vous êtes un rouge vif. Pourquoi ?
Ce n’est un secret pour personne que mon père Motee Ramdass a été un membre fondateur du Mouvement militant mauricien (MMM). Mais j’ai grandi au sein d’une famille dans laquelle nous avons appris à développer une liberté totale de choix et de pensée. J’ai toujours souhaité me frayer un chemin par moi-même sans laisser la perception d’avoir bénéficié d’une faveur pour mon adhésion à un parti. C’est donc par choix que j’ai adhéré au Parti travailliste. Car l’histoire et la philosophie socialiste de ce parti m’inspirent. C’est le deuxième plus ancien parti de l’océan Indien après l’African National Congress de Nelson Mandela.
Mon père et moi appartenons à deux formations politiques qui ont plus ou moins la même philosophie et nous sommes tous les deux liés par les mêmes valeurs politiques.
On reproche au gouvernement du jour un laxisme latent. Qu’est-ce qui explique cette situation, si le reproche est fondé ?
L’attente de la population est grande, surtout après la victoire sans appel de novembre 2024. Je suis le premier à dire que j’aurais sincèrement souhaité que nous allions un peu plus vite dans la concrétisation de nos promesses électorales. Mais je réalise aussi que nous faisons face à certains défis, dont ceux qui sont économiques. Le précédent régime nous a laissé un héritage catastrophique. Et la forte bureaucratie de notre système ne facilite en rien les choses.
Nous avons été élus avec un mandat de cinq ans et les grandes réformes ambitieuses prennent toujours du temps. Elles nécessitent de la patience, des efforts et de la constance pour qu’elles soient menées à bien.
Les projets d’envergure, qu’ils soient ceux de société ou économiques, nécessitent une planification minutieuse, une progression graduelle et une persévérance face aux défis que nous sommes appelés à relever. Et je suis convaincu que nous mènerons à bien ces réformes tant attendues.
J’ai toujours eu un regard extrêmement sévère vis-à-vis des transfuges et des politiques qui changent de camp afin de servir leurs intérêts personnels.
On se bouscule au portillon pour que le MMM quitte le gouvernement pour faire de la place à d’autres seconds couteaux du Parti travailliste qui aspirent à être ministres. Des arrivistes coûte que coûte, même s’ils n’ont pas l’étoffe ?
Je fais partie de ceux qui ne souhaitent en aucun cas une cassure de l’alliance gouvernementale, puisque la population a placé sa confiance en cette équipe. Elle attend d’elle de grandes réformes constitutionnelles, démocratiques et électorales. J’aimerais bien pouvoir me représenter devant cet électorat au bout de cinq ans et dire avec fierté que nous avons relevé le défi. De telles réformes courageuses requièrent évidemment une large majorité au Parlement et un départ du MMM n’arrangera pas les choses.
Il est tout à fait légitime pour tout député d’aspirer à pouvoir un jour servir son pays avec d’importantes responsabilités. Mais je condamne toute tentative des parlementaires pour faire partir le MMM dans le seul but d’assouvir un désir personnel d’être nommé ministre. Pour moi, l’avancement du pays passe avant tout, puisqu’il y va de l’avenir de notre future génération, de nos enfants.
Plus important encore : la vie d’un politicien ne se limite pas à un poste ministériel. Bien au contraire, il s’agit de laisser son empreinte pour la postérité. N’oubliez pas que Mahatma Gandhi a été un politicien qui a eu un impact important sur ce monde sans pour autant avoir occupé une fonction politique officielle.
Est-ce que ce gouvernement de 60-0 va durer ? Si oui, quelles sont les couleuvres que le leader du PTr devra avaler ? Est-ce que celui du MMM devra faire une croix sur ses exigences ?
Il ne s’agit pas du tout d’avaler des couleuvres. Ce gouvernement est composé de pas moins de quatre partenaires et, dans toute alliance, comme dans toute relation, il est tout à fait normal d’avoir des désaccords et les partenaires sont appelés à faire des compromis. Ces désaccords et ces compromis sont dans l’ordre des choses.
Nous avons été élus avec un mandat de cinq ans et les grandes réformes ambitieuses prennent toujours du temps.
La performance au Parlement et dans leurs circonscriptions de certains ministres et aussi de backbenchers laisserait à désirer, selon des observateurs politiques. Votre avis sur le sujet ?
Chacun fait de son mieux dans la mesure des moyens à sa disposition. J’en fais de même en toute humilité. Au bout de cinq ans, ce sera au peuple de nous juger. Et pendant ces cinq ans, ce sera au Premier ministre de prendre les mesures appropriées.
Des observateurs politiques estiment que les deux leaders de l’Alliance du Changement sont forcés de cohabiter de force, car proches du garage politique. Êtes-vous de cet avis ?
Les deux leaders de l’Alliance sont pourvus non seulement de la maturité, mais aussi d’expérience. La jeunesse a l’ardeur et la vieillesse la sagesse. Fort de cet adage et bien que personne ne soit indispensable, je pense que le pays a tout à gagner de leur expérience. Mais peu importe le choix de chaque partenaire de l’Alliance, le gouvernement poursuivra son mandat et continuera à œuvrer pour l’avancement du pays.
Si on parlait de la relève au sein du PTr. Est-elle prête et a-t-on un nom ?
Il y a plusieurs éléments au sein du Parti travailliste qui disposent des qualités requises afin d’assurer la relève. Pour le moment, la question ne se pose pas, mais au moment venu, ce sera aux instances du parti de faire le choix.
Votre père est connu pour être un Bérengiste et s’il vous demandait de changer de clan, que lui diriez-vous ?
Mon père ne me demandera jamais une telle chose, car dès mon adhésion au Parti travailliste, il m’avait demandé de lui faire la promesse de rester fidèle à ce parti tout comme il a lui été fidèle au MMM. Je compte bien tenir cette promesse. Si un jour mon parti me déçoit, je m’en irai sur la pointe des pieds. Je ne me jetterai pas dans les bras d’un autre parti. Car j’ai toujours eu un regard extrêmement sévère vis-à-vis des transfuges et des politiques qui changent de camp afin de servir leurs intérêts personnels. Donc, pour moi, la question de changer de clan ne se pose pas, parce que c’est contre mes principes.
Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !

